Mongolie 3ème partie: Un mois de randonnée et de pêche

 

Le 1er jour de marche avec les sacs est rude, et l’on ressent le manque d’entrainement. Heureusement que Florian a la forme et peut porter une partie de mes affaires, ce qui nous permet d’avancer et de découvrir des changements de paysage surprenants, entre montagnes, gorges et plateaux sans fin qui contrastent agréablement avec l’idée première que nous avions de la Mongolie.

 
 
 

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L’itinéraire que nous avons choisi un peu au hasard, en faisant néanmoins attention à avoir toujours de l’eau à disposition, s’avère être un excellent choix: la région est fertile et nous croisons donc de nombreux nomades, la rivière est riche en truites et ombres…et magnifique.

 
 
 

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Pour ce qui est de la pêche, celle-ci fut excellente. Les truites sont souvent postées en bordure, dans des courants ayant une profondeur et une vitesse bien particulière (1 m, vitesse du pas), ainsi que dans les calmes au fond limoneux. Les ombres se postent plus volontiers en tête de pool. N’importe quoi qui flotte, avec une préférence pour les énormes sauterelles en mousse et matériaux synthétiques, fait une très bonne mouche. Mais certains poissons sont récalcitrants, et il est alors intéressant de les tenter en nymphe à vue.

 
 
 

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Les truites que l’on trouve en Mongolie sont des lenocks, à la bouche proche de celle des ombres, généralement de belle taille (50 cm à 70 cm exceptionnellement) et bien grasses. Délicieuses aussi après quelques jours de riz blanc et beaucoup de kilomètres…

Les taimens représentaient une autre paire de manche, et pour tout dire je n’en ai sorti qu’un seul, un petit de 65 que je pris accidentellement en pêchant la truite. Plusieurs raisons à cela:

-Nous n’avions pas réussi à trouver de permis. D’après les infos que j’ai eues sur place il n’est pas possible de se procurer un permis sans passer par une agence. Car il ne s’agit en fait pas vraiment d’un permis, mais plutôt d’une sorte de « location » d’une portion de rivière à celui qui dispose des moyens de répression (« location » qui ne profite évidemment pas au locaux). Puis des gardes sont visiblement payés par l’agence pour surveiller la zone, avec des histoires aussi encourageantes que cassage de gueule en règle ou pistolet sur la tempe… Ceux-ci sont par contre beaucoup plus tolérants quand il s’agit de truites, surtout lorsqu’elles sont pêchées par deux jeunes sac au dos.
Il y a également des régions où l’on peut acheter un permis de pêche journalier pour quelques dollars, selon le Lonely Planet.

-Sans guide pour indiquer la tenue des poissons, il faut ratisser patiemment les postes, avec de l’eau jusqu’au ventre, une soie de 8 et une grosse belette en chevreuil, ce que nous n’avions ni le courage ni la force de faire lors de nos étapes.

 
 
 

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Mon taimen, qui me gratifia d’une attaque impressionnante sur ma sauterelle, et de belles chandelles.

 
 
 

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Le fromage blanc généreusement offert par une famille mongole rencontrée en chemin, mais qui fut fatal à nos estomacs.

J’en profite pour recommander à ceux qui seraient tentés par le voyage d’emporter avec eux des antibiotiques, car un rapatriement jusqu’à la capitale peut durer une semaine. Nous avons dû nous octroyer quelques jours de repos, et en avons profité (enfin, j’en ai profité pendant que Florian grelottait dans la tente) pour tenter plus sérieusement le taimen après que je me sois fait explosé par un poisson dépassant les 1 m 20. J’étais alongé dans l’herbe en train d’observer une grosse truite qui nymphait, quand celle-ci s’enfuit à toutes nageoires, laissant son poste à un gros sous-marin. Il était à 3 m de moi, et après avoir enfin réussi à nouer une souris à ma pointe je lui envoyai en plein sur la gueule. Je n’ai pas trop compris ce qui c’est passé ensuite, l’attaque m’éclabousse et je me retrouve avec ma canne soie de 5 pliée jusqu’au talon par un poisson très aérien. De bonnes sensations, puis le fameux relâchement dans la ligne, décroché…

Puis j’essaye au streamer, cette fois avec une canne puissante, mais c’est le même scénario sur des poissons pourtant plus petits, décrochés à chaque fois. Le taimen a la gueule extrêmement dure, et il faut, ce que j’apprends par la suite, ferrer une première fois à la touche, laisser le poisson se retourner, et envoyer le paquet. Souvent le taimen frappe la souris sans la prendre, pour la tuer, puis revient la manger.

Puis la pluie se met à tomber, et la neige couvre les sommets, rendant la pêche laborieuse. Nous repartons. Plus bas, nous tombons sur un camp de pêche desservi par hélicoptère, qui tourne un film pour une télévision tchèque, et juste à temps pour voir la capture d’un taimen.

 
 
 

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Encore de la marche… Ça va mieux, le rythme s’améliore, mais nous avons de plus en plus faim et de plus en plus marre du « riz-sans-rien ». Heureusement, plusieurs fois par jour, c’est-à-dire quasiment à chaque yourte rencontrée, nous sommes invités à nous restaurer. Les Mongols arrivent parfois à cheval, nous ayant aperçu de loin, pour nous proposer à manger et à boire. S’en suit le rituel désormais quotidien de la lecture du dictionnaire anglais/mongol, et l’échange de cadeaux (cigarettes et fromages).

 
 
 

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Souvent il faut traverser la rivière à la nage, ou couper par les montagnes pour éviter des gorges. Le GPS est alors indispensable, car si nous devions compter sur la carte… L’est aussi le sac étanche, pour pouvoir pousser son sac comme un radeau.

 
 
 

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Le cheval-stop, un nouveau moyen de locomotion à la mode en Mongolie.

 
 
 

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Les responsables de la sécurité/gardes d’un camp de pêche (le deuxième et dernier rencontré lors de notre randonnée) et leur loup.

Ça rigole pas! Ils sont en fait très sympas, mais leur arsenal donne une idée de ce qui peut nous arriver si on tombe sur des gardes peu disposés.

Le patron du camp arrive le même jour avec un groupe de pêcheurs français. Zorig, le boss, est très accueillant et nous gave de nourriture et de conseils pendant deux jours en prévision de la route qui nous attend. J’en profite donc ici pour lui faire un peu de pub, pour le remercier de son hospitalité, car s’il faut passer par une agence autant le faire par une agence locale (ici: Taimen Tour), et ses clients français, qui n’en étaient pas à leur premier voyage en Mongolie, avaient l’aire très satisfaits de leur trip. Je compte bien lui rendre visite lors d’un futur voyage en Mongolie, et pourquoi pas y travailler en tant qu’interprète.

Pour info: La meilleure période pour le taimen va du 10 juin au 10 juillet, puis du 20 août au 10 octobre, entre les deux la période de crues; ~2200 euros/15 jours.

Ci-dessous, des photos qu’il m’a envoyées, mes clichés étant pauvres en taimens:

 
 
 

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Une belle prise de Zorig.

 
 
 

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Ça saute un taimen.

 
 
 

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Pauvre belette.

 
 
 

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Celle-là c’est pas pour la photo mais pour la taille du bestiau.

On repart donc, encore et toujours, cette fois-ci le ventre bien plein. Il nous reste encore une semaine de marche, puis il sera temps de trouver un moyen de transport pour changer de région. Les paysages changent, la rivière s’élargit et c’est de plus en plus beau.

 
 
 

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Ne pas oublier de se faire écrire l’adresse des familles pour pouvoir envoyer les photos!

 
 
 

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Une rencontre étonnante si loin du désert de Gobi.

 
 
 

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Nous n’avions plus trop le temps de nous arrêter Dommage car les truites observées depuis les falaises étaient grosses, sans parler du décor.

 
 
 

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La progression devient fatigante La rivière est large et les falaises nombreuses. Et ne croisant plus personne, on ne mange plus que du riz. Mais la carte indique un village à quelques jours de marche, où nous espérons trouver un véhicule.

 
 
 

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En voilà un, mais elle refuse de démarer.

 
 
 

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Enfin à manger, et des légumes en plus! Si si, en regardant bien il y a des bouts de carottes.

Nos hôtes vivent au bord de la rivière faisant passer chevaux et personnes (et une bouteille de vodka) dans un bac.

Puis nous arrivons au village, en fait quelques yourtes et cabanes en bois, et un camion. Nous passons quelques jours avec une famille, et les aidons à stocker leur foin pour l’hiver, ce qui nous permettra aussi de rentrer avec le camion et son chauffeur loué pour la période des foins.

 
 
 

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Plus d’une nuit de camion sera nécessaire pour arriver dans une ville, où nous prenons une douche chaude, mangeons des biscuits à nous en rendre malades, avant de nous lancer dans la recherche d’un moyen de rejoindre le nord du pays et son fameux lac Kovsgol.

 
 

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14 commentaires.

  1. Hello,
    Je suis tombé par hasard sur le site il est vraiment superbe! Bravo!
    Je cherchais encore quelques ultimes informations avant mon départ pour la Mongolie.
    Je pars dans 2 jours et ça fais 3 nuits que je n’arrive plus à fermer l’oeil tellement je suis excité….
    J’espère que mon voyage sera aussi positif que le votre.

  2. Les lenoks ont une défense plus vigoureuse que les ombres, mais un peu moins que nos farios. Les gros spécimens peuvent tout de même donner du fil à retordre sur du fil fin.

  3. C’est genial de vous lire,ca fait rever,ca donne vraiement envie de voyager…J’attend la suite!!
    Merci!

  4. Zarn, tu as bien noté : il faut éviter le fromage blanc! Pas de cheddar en Mongolie 🙂
    oliv: pour la NZ il faut laisser décanter un peu, mais c’est sur que la situation pourrait etre meilleure. Qui vivra verra.
    Au fait elles ont une défense sympa ces truites lenok ?

  5. Merci pour les commentaires (et bonnes fêtes).
    Nico:Effectivement c’est un peu craignos, et surtout dommage dans un pays aussi libre. C’est pourquoi j’aimais bien la NZ, où tu ne te prenais pas la tête avec de la paperasse pour pêcher. Mais d’après ce que tu dis la fin est proche (j’exagère, mais le souvenir des fonds bruns de la Buller d’il y a 2 ans m’interdit tout optimisme).
    Zarn: Tu rencontreras certainement des gens, tant les Mongols sont ouverts et accueillants.Tiens moi au courant, on pourrais se croiser si je suis dans le coin.

  6. je suis actuellement en nouvelle-zelande et je viens de lire avec interet ton recit car c est mon prochain voyage . j espere que j aurais comme toi l occasion de rencontrer des gens car dans un tel voyage la peche n est pas le seul fil conducteur . encore merci pour ce reportage et tes photos , ca a du te prendre du temps . et comme dit Nico ton taimen a plus de poids que tu ne le penses .
    zarn

  7. De mieux en mieux!
    Un peu craignos le coup des gardes our les taimen. Je pensais que c’etait plus libre que ca. Ca diot etre frustrant d’aller au bout du monde comme ca, a pied, et de se retrouver encadré et sur le meme territoire de peche que des gens qui y sont arrivés sans aucun effort physique et qui eux ont le droit de pecher.
    Enfin dans ce que vous avez fait il y a bien plus que la peche, et ton taimen, meme si il n’est pas aussi monstrueux que ceux des photos quito’n été prêtées, à bien plus de poids.
    J’ai hate de lire la quatrieme partie!

  8. bravo vraiment superbe.
    les gens du pays ont vraiment une bonne bouille .
    ils doivent être très sympa . de plus vous avez l’air d’avoir eu très bon accueil donc bravo aussi à leur savoir vivre.. merci on en redemande.

  9. Ben oui que ça fait du bien de vivre cela, on se sent revivre.
    Chapeau les gars.

  10. superbe reportage les photos sont sympas merci de nous faire partager cette aventure

  11. C’est impressionnant ce taïmen!
    Même si la photo n’est pas « no-kill » il faut bien avouer qu’un salmonidé de cette taille dépasse mon imaginaire même dans mes rêves les plus fous….

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