Laponie 2015

 

Pour cette deuxième expédition en Laponie (voir Laponie 2014), j’ai invité à se joindre à moi mon frère et un ami, puis deux autres amis qui les remplaceront pour continuer ce voyage de deux mois. Certaines leçons ont été retenues du premier trip : le chariot est cette fois constitué de tubes solides ; l’itinéraire prévoit des jours supplémentaires pour parer aux imprévus ; une deuxième doudoune, des waders en bon état, une canne pour soie de 8 et une moustiquaire de tête rejoignent le sac.

 

 

 
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L’eau est omniprésente en Laponie.

 

La marche d’approche commence mal. L’itinéraire prévu se révèle impraticable en raison des pluies diluviennes qui arrosent la région depuis des semaines. La météo est exécrable, et les moustiques, plus abondants et agressifs que jamais, transforment les missions «toilette» en véritable calvaire. L’eau s’infiltre partout et l’un de nous fait l’erreur, ne supportant plus le froid, de marcher avec ses habits de bivouac. Il continuera le reste du trip mouillé.

 

 
 

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Les pluies de ces dernières semaines nous compliquent la progression.

 

Nous décidons de rebrousser chemin pour contourner les plateaux inondés par les montagnes. Cet itinéraire bis rallonge considérablement les distances, mais nous quittons au moins la boue des marécages pour un sol dur.

 

 

 
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Un détour par les montagnes pour contourner les marécages.

 

Un sol si dur et encombré de blocs rocheux d’ailleurs qu’une pièce du chariot casse avant l’arrivée. Nous répartissons donc l’excédent de poids entre nous trois, et tentons de passer le col dans la journée.

 

 

 

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Le chariot cassé, il faut tout charger sur le dos.

 

Le spot est rocailleux et beaucoup trop exposé pour offrir un bivouac sûr, mais nous sommes exténués par cette grosse journée de marche et, le temps étant calme, nous plantons la tente.

 

 

 

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Contraints à un bivouac exposé.

 

La tempête se lève vers une heure du matin et, à deux heures, craignant pour la tente, nous faisons les sacs et repartons sous la pluie sans d’autre choix que de marcher pour se tenir chaud.

Arrivés au bord du lac, le vent souffle de face et nous devons patienter quelques jours. Aussi, quand le vent se calme enfin, nous décidons de profiter de l’accalmie et de ramer sans s’arrêter pour bivouaquer. La nuit est magnifique et nous assistons au combat en vol entre un aigle tenant dans ses serres un petit faucon, et la mère de l’oisillon. Les corégones mouchent en continu, comme souvent lorsque le lac est lisse, mais sont comme d’habitude imprenables.

 

 

 
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Neiges tardives sur les sommets.

 

La décision de faire deux étapes en une aura été un très mauvais calcul. Le lendemain matin, mon frère ne peux plus ramer, un claquage de fatigue ayant eu raison de son coude. Heureusement, un pilote d’hélicoptère venu déposer des pêcheurs acceptent de revenir pour le rapatrier dans une dizaine de jours. D’ici là, nous avons le temps d’explorer les environs à la recherche des ombres, truites, brochets, corégones et ombles arctiques.

 

 

 
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Une fario de près de 70 cm au streamer.

 

 

 

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Un omble arctique sur une grosse sèche, alors qu’il avait refusé toute ma boite de minuscules moucherons noirs, seules mouches capables généralement de les décider.

 

 

 
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1 m 20, pris au streamer dans les herbiers, et qui a cassé mon scion.

 

La saison est exceptionnellement tardive cette année. Les baies sont encore vertes fin juillet et l’eau coule dans les champs, rendant la pêche difficile. Mais les ombres sont faciles en Laponie, et leur abondance fait que l’on tire la plupart du temps son épingle du jeu.

 

 

 

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Les ombres peuplent également les lacs. Selon les locaux, il est bon de les prélever car ils gagnent rapidement du terrain sur les autres espèces depuis quelques années.

 

Mais, à la mi-août, la nature sort soudainement de sa léthargie et c’est l’explosion : les rivières et les lacs se couvrent de gobages ; les truites et les brochets sortent enfin des profondeurs des fosses pour chasser dans les courants, tandis que les faucons et les chouettes survolent les prairies à la recherche de lemmings.

 

 

 
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Un lemming décidé à me chasser de la tente.

 

Les perdrix s’aventurent hors des fourrés, et les myrtilles et mûres arctiques se gorgent de sucre, transformant le camp de survie en promenade gastronomique.

 

 

 
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Il faut parfois chercher longtemps le bois pour le feu avant d’être descendu à la limite d’altitude des bouleaux.

 

 

 

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Lorsque le temps est calme, les poissons montent des profondeurs des lacs pour gober.

 

Avec l’arrivée du froid, les moustiques cessent de nous mener la vie dure et, surtout, les brochets deviennent agressifs en surface et se saisissent des imitations de grenouille et de souris dans des cabrioles spectaculaires.

 

 

 

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Les bras morts et les étangs peu profonds regorgent de brochets à l’affût dans les herbes.

 

Une matinée brumeuse m’offre même au détour d’un méandre le spectacle inoubliable d’une femelle caribou allaitant son petit au milieu de la rivière.

 

 

 
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Fin de soirée.

 

Au fur et à mesure que l’on monte en altitude, les truites remplacent les ombres, puis les ombles arctiques prennent le dessus dans de minuscules lacs et torrents glaciaires.

 

 

 
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De minuscules lacs abritent parfois de gros ombles…

 

 

 

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…comme celui-ci, aussi gras que prudent lorsqu’il s’agit de se saisir de l’imitation.

 

Les ombles sont très pêchés par les locaux qui apprécient sa chaire délicate et qui en ramènent des kilos en hélicoptère ou motoneige. Les rescapés sont par conséquent extrêmement prudents. Il faut avoir les nerfs solides pour ne pas s’arracher les cheveux devant un omble de plusieurs kilos scrutant durant de longues secondes un moucheron noir avant de l’engouffrer, et de casser un bas de ligne bien trop fin pour résister à sa dentition.

 

 

 
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Des dents qui mettent régulièrement à mal le bas de ligne.

 

La suite du voyage se déroule sans encombre, au gré du courant qui nous porte parfois tranquillement, parfois impétueusement, vers notre destination.

 

 

 
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Un rapide où j’ai bien failli me faire retourner par une vague.

 

 

 
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Une belle truite en nymphe à vue.

 

 

 
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Même peu pêchés, les poissons peuvent devenir difficiles. Il faut alors avoir la bonne mouche dans sa boîte.

 

 

 
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Les journées chaudes et ensoleillées sont rares en Laponie.

 

 

 

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Il ne faut pas hésiter à explorer les lacs d’altitude, qui peuvent réserver des surprises.

 

 

 

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Un omble à l’affût au fond d’une fosse, qui craque pour une petite nymphe en plomb.

 

 

 
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Il y a des rapides qu’il vaut mieux contourner à pied.

 

 

 
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Soirée d’automne.

 

 

 

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En combinant marche et rafting, peu de spots sont inaccessibles.

 

 

 
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En sèche tôt le matin.

 

 

 

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6 commentaires.

  1. Bonjour Olivier,

    Félicitations pour ce récit, et plus globalement pour votre blog, passionnant pour l’amateur de voyages de peche que je suis.

    Je me rends en Laponie suédoise mi-août, j’aurais bien aimé avoir votre avis quant à l’itinéraire que je prévois.

    Si vous pouviez m’écrire, je vous détaillerais mes questions.

    Cordialement,

    Charles

  2. Superbe dis donc !
    Mais vous êtes vraiment des fous de prendre tous ça sur le dos et dans des chariots :O

  3. Encore un magnigique récit!!! tu es un sacré veinard mais surtout un sacré couillu car des merdes (et je parle pas des moustiques) il a du t ‘en arriver qq unes!! surtout en 2015 quand on voit la météo sur la laponie en juillet 2015!!!! mais au final je pense que c’est ça qui rend le voyage « vivant  » !!
    Je programme un voyage beaucoup plus soft (enfin moins long surtout) en 2016, si tu as le temps et envie prends le temps de me contacter 😉
    Encore une fois chapeau l ‘artiste
    Ps: petite préférence pour le char pris en NAV sur une nymphe céramique !! de toute beauté !

  4. Salut Oliv’,
    Tout simplement superbe.
    Bravo pour tous ces voyages qui me font rêver et dont l’approche et l’accomplissement sont tout ce que j’aime.
    Enjoy…

    Amicalement
    Julien

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